Le Cellulo, produit vintage

Auteur : JingoDate : 23 novembre 2006
Retour sur une technique d’animation qui aura fait les beaux jours du cinéma d’animation.

Le cellulo ou celluloïd (seruga en japonais, cel en anglais) est une feuille plastique transparente d’acétate de cellulose sur laquelle on peint à la main les différents élèments d’un dessin animé. Grâce à la transparence de ces feuilles, on peut superposer plusieurs cellulos et créer des scènes complexes sans tout redessiner à chaque fois.

À l’origine du dessin animé, tout était réalisé sur papier. Les œuvres des pionniers ont toutes été réalisées sur ce support. Mais l’opacité du papier posait plusieurs problèmes :

- cela produisait un effet de sautillement
- cela limitait les effets de perspective.
- cela posait des problèmes de stabilité
- cela ne permettait pas de conserver les parties immobiles du dessin et de ne les remplacer que par les parties mobiles.

C’est en 1910, qu’est utilisé pour la premiere fois un support transparent en verre. Il faudra attendre 1915 pour que soit brevetée la technique d’animation sur cellulo, consistant à dessiner directement sur une fine feuille de plastique transparent. A noter que le celluloïd, qui donne son nom au cellulo, est en fait du nitrate de cellulose, très toxique et inflammable, et qu’il a été ensuite remplacé par l’acétate de cellulose.

Tous les grands studios ont utilisé cette technique, à laquelle ils ont ajouté quelques améliorations : décors en trois dimensions, usage de la caméra multiplane … Mais pour l’essentiel, la technique reste la même, il s’agit toujours de tracer à l’encre les formes qui seront ensuite remplies et colorées, le plus souvent à la gouache. Ainsi chaque image réellement filmée est le fruit d’un long travail comprenant plusieurs étapes. Cette technique favorise donc la division du travail entre plusieurs équipes, principe qui a été adopté dès l’origine par John Randolph Bray puis par les chefs de studio qui l’ont suivi.

Le dessin de fond ou décor est réalisé sur un support transparent ou non, en plastique, papier, carton ou toile. Le cellulo est posé sur ce dessin de fond et, par effet de transparence, les éléments dessinés sur le cellulo s’intègrent au décor. Les cels laissent bien souvent apparaître le dessin préparatoire et s’accompagnent parfois du décor. Aprés le montage final, les cellulos ayant servi à la réalisation de l’oeuvre sont généralement vendus ou détruits.

Etant chacun une pièce unique, ils revêtent un intérêt tout particulier pour le collectionneur ou le fan. Ces cinq dernières années ont été les témoins d’une fulgurante inflation, les prix on été multipliés par quatre, ce qui n’ira pas en s’arrangeant dans la mesure ou cette technique n’est plus utilisé aujourd’hui. En effet le celluloïd devient vintage et donc collector en soi, l’ensemble des animés actuels sont désormais entièrement réalisés par ordinateur. Le dernier film d’animation utilisant cette technique était Princesse Mononoke.

Notons que si des cellulos bon marché peuvent être trouvés autour de 40 euros, il faut compter 150 euros au minimum pour un cel de valeur, certaines pièces rares pouvant atteindre des sommets (la scène où le prêtre de la cité d’or dit aurevoir à Esteban laissant une larme couler sous son masque s’est arrachée à 4000 euros). Il semble que quelques faux circulent et soient en vente sur les sites d’enchères, le seul moyen de les identifier étant de constater l’absence manifeste d’usure du support.

Le Toon shaded

Auteur : JingoDate : 30 Juillet 2004
llustration du procédé avec le nouveau film d’Appleseed

Aprés le cell-shading (technique graphique consistant à utiliser des textures unies au lieu des textures complexes dans le but de conférer à une œuvre un look cartoon. Cela permet également une plus grande facilité de déformation des objets), un nouveau style fait son apparition : le toon shaded.

Aprés une première adaptation dans les années 80, Appleseed le manga de Masamune Shirow (également auteur de Ghost in the shell) fait actuellement l’objet d’un nouveau projet de film utilisant le toon shaded.

Le toon shaded est un procédé similaire au cell-shading dans la mesure où il consiste à rendre une image 3D aplatie en 2D (comme si elle avait été faite manuellement). Cela confère aux personnages une expressivité très réaliste. Mais cette technique necessite des équipes de production conséquentes. Car, si pour donner vie à un personnage 2D, il faut environ deux personnes : l’animateur et le doubleur, ici l’effectif doit être multiplié par deux. L’intervention de quatre personnes est necessaire dont un acteur “corps” sur qui on procédera à la capture des mouvements. Des capteurs sont placés sur l’acteur, puis celui ci est placé au centre d’un cercle d’une dizaine de caméras qui vont capturer ses mouvements.

Dans Appleseed, c’est l’actrice Miwa Asumi qui s’y colle. Un animateur 3D vient ensuite retravailler les informations prises par les capteurs et les caméras. Une quatrième personne est necessaire, se consacrant au visage. Pour le personnage de Deunan d’Appleseed, c’est l’actrice Ai Kobayashi (je vous rassure rien à voir avec l’homme de main de Keyser Sose) qui donnera des expressions à notre héroine en plus de lui prêter sa voix.

Cette nouvelle technique se situe donc réellement à mi chemin entre le cinéma traditionnel utilisant des acteurs et l’animation. Il a fallu créer un équilibre entre le jeu d’acteur, réaliste, et des attitudes du visage plus “toon” pour parvenir à un style propre. Les techniciens n’ont pas voulu utiliser le symbolisme et les codes expressifs classiques du manga.

Notons que c’est Digital Frontier, l’équipe du film Final Fantasy, qui a travaillé sur Appleseed. Une équipe de 80 personnes dont 25 rien que pour les personnages et leurs expressions a été necessaire.