Le jeu vidéo selon l’Harmonica

Auteur : L’HarmonicaDate : 28 Octobre 2005
LE JEU VIDEO SELON L’HARMONICA

Les quelques personnes qui, comme moi, hantent le forum de CCM, auront remarqué mes nombreuses prises de position, coups de gueule, coups de cœur ou théories quant à ce monde étrange qu’est celui du JV… il était grand temps de faire un article (enfin vous en jugerez à la fin).

            Précisions de départ :

  Je ne traiterais que du JV sur PC, sauf pour « l’éternelle guerre PC/Consoles ». Je n’aurais pas l’impudence de m’aventurer dans le JV console, tout simplement parce que je ne le connais pas assez bien.

  Les propos qui suivent peuvent passer pour un ramassis d’idioties… c’est bien le but.

  L’intérêt de cet article n’est pas de chercher à dresser un panorama du JV PiCi, mais d’aborder quelques points qui me paraissent cruciaux dans l’histoire vidéoludique. Je réserve certaines de mes pensées (arf !) pour d’autres articles.

            Commençons par le commencement : qu’est-ce qu’un JV ? Bonne question, ma foi, mais je ne suis pas là pour y répondre. Oui, c’est une belle pirouette pour éluder une question difficile. En fait je vais m’attacher ici à voir ce qui pour moi fait un bon JV, ou sur ce qui pourra en faire un.

            Observons tout d’abord un phénomène amusant : la guerre sanglante qui fait rage depuis moult années entre « consoleux » et « PiCi gamerz ». C’est de là que tout découle. Il va de soi qu’un bon jeu vidéo est par définition un JV PC, les consoles étant des jouets (parfois pour grands enfants un peu attardés, mais quand même). Cette mise au point effectuée, nous allons pouvoir passer à autre chose… ah, ben non, il va falloir développer.

Morrowind : mon perso, ma forteresse… un jeu formidable pour joueur avec temps libre et ego démesuré.

 

I – Des spécificités du JV PC par rapport au marché console

Je ne vais encore pas me faire que des amis, surtout après la précédente boutade. Tant pis, j’ai l’habitude.

            L’interpénétration des deux marchés est aujourd’hui un sujet que l’on ne peut omettre, tant les développements sont souvent communs. Les vieux c**s comme moi se souviennent sûrement qu’il y’a encore quelques années, le simple fait d’écrire « PC » et « console » dans la même phrase aurait été passible d’exécution publique. Que s’est-il passé entre temps ? Quel sombre complot fut donc ourdi pour que nous en arrivions à de telles extrémités ? La réponse à cette interrogation est simple : le JV est devenu un vrai marché, comme le cinéma, la télévision, la musique ou encore le tannage de peaux de castor… lorsque seuls quelques illuminés s’adonnaient au JV, la situation était plutôt positive : n’importe quel type pouvait développer un bon JV dans son garage, les disquettes étaient presque données… de l’autre côté, les Japonais exprimaient leur art sur NES, c’était très bien. Chaque monde avait son style de jeu, les développeurs avaient des idées, les joueurs pouvaient s’amuser… là je parle par exemple de l’Atari ST, pour ceux qui s’en rappellent.

            Le JV « sur ordinateurs » fut révolutionné par l’arrivée des PC : beaucoup de puissance, petit à petit l’arrivée des HD puis les premières cartes graphiques… malheureusement, sur le long terme, cette course à l’armement eut des effets très négatifs sur le jeu : d’une part la qualité fut supplantée par la quantité (je caricature vraiment), quantité des effets graphiques, sonores… oui, il s’agit aussi de qualité, mais j’espère que vous comprenez ce que je voulais dire. D’autre part, cette surenchère technique réclama de plus en plus d’investissement financier dans le développement d’un jeu : comparez par exemple la genèse de Doom avec celle de Doom III… je pourrais multiplier les exemple, mais une seule conclusion s’impose : le passage à un marché « grand public » (j’entends par là une recherche d’un plus large marché, où le nombre d’exemplaires vendus prend le pas sur le plaisir des joueurs) aura conduit les développeurs vers toujours plus de dépenses, impliquant une réduction des marges de manœuvre de la part des éditeurs, devenus incontournables. Le monde console a suivi un schéma plus ou moins identique, bien qu’à mon avis il portait intrinsèquement cette évolution en lui, puisqu’il s’agissait dès le départ (à partir des années 80 du moins) d’un support grand public. Le PC, quant à lui, a longtemps conservé une image élitiste (et la possède encore pour les non initiés).

            Quoi qu’il en soit, le marché est tel aujourd’hui que la prise de risque, tant artistique que technique, est devenue quasi impossible pour nombre de développeurs (même Molyneux et ses potes ont reculé sur les éléments les plus adultes de Fable). Qui plus est, certains genres ou thèmes sont usés jusqu’à la trame tant que les acheteurs répondent à l’appel (voir la Seconde Guerre mondiale depuis 2001 environ, les FPS depuis CS…). Nous nous retrouvons donc souvent face à des clones issus d’un jeu à succès, qui sont certes parfois intéressants, mais laissent au final un désagréable arrière-goût de « déjà vu »…Tout ceci vaut pour les deux marchés, console comme PiCi, bien que nos machines sous Bilou soient plus sujettes au clonage de masse. Cela viendrait-il du fait que console rime avec Japon et PC avec USA ? Va savoir… Notez que je ne traite même pas de ces immondices en kilts qui sont tous tatoués d’une vilaine pomme : cela n’en vaut pas la peine, tant le jeu est absent de ces machines… il est vrai que les souris sans boutons n’aident pas !

            Aujourd’hui, à mon avis, un des plus gros problèmes du JV sur PC vient de cette absence de prise de risque, qui s’est traduite par un développement des titres sur console puis sur PC. Encore une fois, je sombre dans la caricature bas de gamme, mais il faut se rendre à l’évidence : nombre de jeux PC actuels sont avant tout des jeux consoles ! Hérésie ! Malheureusement, ce procédé entraîne des contraintes très fortes : le développement sur les consoles « contemporaines » (j’entends des machines qui ont déjà vécu, pas les toutes dernières bêtes de course) est synonyme de limitations techniques drastiques, quand on rapporte cela à la puissance des PC. L’optimisation a du bon, mais lorsqu’elle devient un frein au libre épanouissement du gameplay, c’est gênant… il faut tout de même préciser que, à l’inverse, lors de la phase de sortie des consoles « next gen », le développement console a plutôt tendance à tirer le jeu PC vers le haut…

Je pourrais continuer très longtemps sur le sujet, parler comme à mon habitude de « conflit de civilisation » entre gaming PC et console ; aborder le sujet des FPS sur console, joués au pad ; ou disserter sur la genèse des GTA… mais ça nous en parlons déjà sur le Forum. Enfin, pour conclure, vous aurez compris que pour moi, le JV PiCi est le seul qui me convienne. Voir à titre d’exemple la distinction que je fais entre Morrowind, JDR PC à son paroxysme et Final Fantasy X, dernier RPG console que j’ai vu tourner…

Note pour les consoleux : cliquez sur « Réagir à cet article » et venez jouter un peu avec moi sur ce sujet, vous me ferez plaisir…

 

II – Ces jeux qui m’ont marqué

Qu’est ce que je considère comme étant un jeu majeur et titre phare d’une époque ? Le plus simple est d’aborder quelques exemples, pour illustrer mon propos.

            Au commencement, il n’y avait pas de PC dans ma vie… j’ai débuté ma « carrière » de gamer sur des titres comme Dungeon Master, sur ST. Oui, ça date. Sur PC, je crois que l’un des premiers que j’ai eu en main était Ishar III, chez mon cousin. Au collège, nous jouions (mon père était prof de Techno, le soir nous restions dans les salles le soir à l’attendre avec mon meilleur pote…) à Wolf 3D, Doom, Raptor ou encore Mortal Kombat. Je crois que ces titres reflètent bien l’effervescence qui régnait encore à l’époque dans ce domaine. Et tout ça ne prenait qu’une seule disquette ! Il y’eut aussi, plus tard, des trucs supers comme Tyrian (le « multiplayer » !), Flashback

Plus ou moins au même moment, j’avais quand même quelques contacts avec des consoles, chez des potes : Altered Beast, Sonic, Shinobi, Teenage Mutant Hero Turtles (‘tain, je suis plus certain du titre, pour celui-là !)… des bons jeux, en somme.

            Mon premier vrai jeu, à moi, ce devait être Red Alert, que j’ai acheté plus ou moins au même moment que Warcraft II. Il y’en avait sûrement eu d’autres, mais ces deux-là m’ont beaucoup marqué, je devais être en seconde. A la même période, je jouais aussi à Duke Nukem 3D, Fallout, UFO, Diablo… Ce furent également mes premières armes en réseau local, que de souvenirs plaisants ! Duke et ses mines lasers, ses grenades à détonateur, son « èRPèGue » bourrin… War II avec ses ogres débiles, ses sorts trop forts et son look cartoon… RA et ses bombes A, ses tanks Mammouth, ses Migs et ses Croiseurs… raaaaaah ! Au passage : je me suis une fois amusé à remplir un écran entier, sans la barre d’icônes, de Mammouth : 125 si mes souvenirs sont bons… inutile de dire que c’était en solo. Dommage que je n’ai pas pris de screenshot, ce serait collector !

            Le messie fut Starcraft, certainement le jeu que j’ai le plus attendu de ma vie (avec Oblivion aujourd’hui). J’avais dû faire racheter de la RAM (sur un P120 !) à mon père pour qu’il tourne, mais quel bonheur ! C’est là que les consoles me sont apparues comme définitivement fadasses et inutiles… comment aurait-il pu en être autrement ? Ah, Starcraft… pas étonnant que les Coréens soient encore dessus, tiens ! Ma préférence a vite été pour les Protoss et leurs Carriers : longs à sortir mais tellement efficaces. Le Zealot rush marchait pas mal aussi, à vrai dire… C’est aussi là que je me suis rendu compte que Blizzard n’était pas un studio comme les autres (avec Diablo entre temps). Tendance qui s’est confirmée jusqu’à aujourd’hui, mais nous y reviendrons. J’ai continué à jouer à plein de trucs, style Imperium Galactica, MAX, Total A… vi, j’adorais vraiment la stratégie à l’époque, déjà avec une certaine préférence (si ce n’est une préférence certaine, arf !) pour le tour par tour.

            Le salut vidéoludique me fut apporté il y’a quatre ans environ, lorsque nous avons fini par racheter un PC tout neuf (le P120 aura marqué mon existence, mais il commençait quand même à tirer la tronche). En vrac, les très nombreux jeux que j’ai vraiment apprécié (sans aucune forme de classement) : Return To Castle Wolfenstein, Medal Of Honor, BattleField 1942, Warcraft 3, Red Alert 2, Dungeon Siege, NeverWinter Nights, Diablo 2, Fallout 2, Deus Ex, Thief 3, GTA 3, GTA Vice City, GTA San Andreas, la série des Total War, la série des Age of Wonders, Ghost Recon, Counter Strike, Civ 3, Sim City 4, Pirates des Caraïbes… j’en oublies beaucoup ! Je garde bien entendu le meilleur pour la fin : Morrowind ! Mais c’est une autre histoire…

 

III – Le meilleur du jeu vidéo selon L’Harmo

Reste à déterminer ce qu’est un bon jeu PC à mon avis, puisqu’au final, c’est le but de cet article. J’ai déjà apporté quelques pistes, notamment dans l’approche ludographique ci-dessus. Comme vous l’avez vu, un jeu n’a pas besoin d’être récent et à la pointe de la technologie pour m’intéresser : la vérité est ailleurs, c’est bien connu. Penchons-nous sur un cas précis, The Elder Scrolls 3 : Morrowind.

            A peine écrite, ma précédente affirmation est contredite : Morro était bien, à sa sortie, à la pointe graphiquement. Ne rigolez pas, au fond, c’est très sérieux ! Ce fut par exemple, à ma connaissance, le premier titre à utiliser les Pixel Shaders. Il était somme toute très mignon, malgré la pauvreté des animations. Pourtant, l’intérêt de ce titre n’est pas (que) dans ses graphismes, loin de là !

            D’une part, Morro laisse une liberté jusque là inégalée au joueur, tant dans ses mouvements que dans ses relations avec le monde de Vvardenfell. Pour le mouvement, c’est le seul jeu, si je ne m’abuse, à offrir un monde aussi immense sans qu’il soit divisé en zones… pour avoir récemment joué à des titres comme KOTOR I et II, Fable Lost Chapters ou Vampire the Masquerade Bloodlines, je peux vous assurer que ça change tout : on a véritablement l’impression d’être dans un « vrai » monde et pour une fois, la carte est utile (je suis Géographe de formation, je sais de quoi je parle). Pour ce qui est des relations, il est clair que le système de Bethesda Softworks, s’il n’est pas exempt de défauts, est une grande réussite, que seul pourra (a priori) égaler, voire dépasser, TES4 : Oblivion. En gros, pour les incultes, dès le début du jeu (après le « tutorial »), on peut « charmer » ou au contraire attaquer n’importe quel NPC du jeu, avec des conséquences immédiates et à long terme… je ne m’appesantirai pas là-dessus, faute de place, mais je préciserai juste qu’un système d’Alignement à la Fable ou KOTOR serait bienvenu.

            Ensuite TES 3 nous raconte une histoire, ou plutôt des histoires. Au-delà même de la liberté qui, au final, fait que nous écrivons nous-même une part de la légende, un jeu doit à mon humble avis nous narrer quelque chose d’épique, de palpitant, de fantastique. Or, quelle meilleure aventure que celle d’un prisonnier quasi-amnésique qui devient un Dieu ? De plus, l’énorme quantité de quêtes secondaires fait que nous avons l’impression de nous retrouver dans un monde vivant, où chaque personne a une place et un but. Bien sûr, le fonctionnement scripté de Morro induit un certain manque de réalisme, en tout cas une rejouabilité amoindrie. Cela sera apparemment corrigé dans Oblivion, où les NPC seront enfin « intelligents »… wait and see.

            Vous l’aurez compris, j’adore les RPG et tout ce qui s’en approche, et principalement pour une raison, toute simple : la personnalisation de son perso (heureusement que je ne joue pas aux MMO, je serais vraiment mal barré pour mes études et ma vie sociale…). Pour cela, Morro est très complet, bien que par certains aspects deux persos de haut niveau finissent par trop se ressembler dans les caracs… voilà pourquoi j’apprécie également des titres comme NFSU, par exemple, même si IRL je ne suis pas spécialement porté sur le tuning…

            Morrowind a donc à mes yeux des avantages très nombreux, le tout renforcé par les très nombreux mods dispos. Le dernier en date, que je compte tester dès que possible, offre la possibilité de combattre des dragons (absents du jeu jusque là), et même d’en adopter un et de le chevaucher… argh ! Un bon jeu, donc, c’est pour moi avant tout une belle et riche histoire, une liberté importante et une personnalisation élevée. Si, en plus, le jeu est beau, mature (Gothic 2…), long et avec beaucoup d’humour (Fable), tout est parfait !

Avec Oblivion, la relève de Morro semble assurée… et en plus il est superbe !
Confirmation début 2006 chez nous, si tout va bien.

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